samedi, octobre 19

Ça c’est la France

Paris, tu m’as pris dans tes bras. Il est de rares événements dans notre pays qui permettent aux citoyens de se sentir compatriotes, de partager la fierté d’être français, de devenir cette foule sentimentale assoiffée d’idéal. La cérémonie d’ouverture des JO a rendu possible ce que les élections législatives et leurs conséquences – le désolant spectacle des divisions – semblaient interdire : fédérer les Français et, surtout, leur redonner le sourire et l’enthousiasme. L’expression si souvent galvaudée « faire nation » prend alors tout son sens et, dans cette unité retrouvée (22 millions de téléspectateurs), il n’est plus question de faire barrage, d’établir des cordons sanitaires ou de s’autoproclamer incarnation des aspirations populaires ou des valeurs républicaines. N’en déplaise aux pisse-froid et aux esprits chagrins, cette fête lumineuse nous a réappris la joie de vivre en commun, le bonheur de nous ouvrir à la diversité, à toutes les formes d’expression artistique, d’enfourcher le cheval d’argent des rêves et des espoirs. Comme le disait Victor Hugo, « respirer Paris, cela conserve l’âme ». Après avoir frôlé le pire au début du mois avec les 10 millions de voix du RN, la France a épaté le monde vendredi soir.

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Pour faire écho à la devise olympique, nos cœurs ont battu plus vite, nos yeux ont regardé plus haut et nos mains se sont serrées plus fort. Exprimons notre reconnaissance à Tony Estanguet et à Thomas Jolly, tous les deux méritent la médaille de l’audace. En effet, les tableaux proposés ont été une ode à l’imagination, à la transfiguration du réel, à la tradition, à la diversité. Cela a pu choquer. Et alors ? C’est bien le propre du spectacle vivant de montrer ce qu’on ne veut pas voir mais qui est bien réel. Comment rester insensible à l’audace de Philippe Katerine qui adore regarder danser les gens, à celle d’Aya Nakamura revisitant formidablement le répertoire de Charles Aznavour et faisant swinguer la Garde républicaine ?

Les talentueux artistes qui ont participé à ce show ont rendu Gaga ceux qui l’ont vu en direct ou par écran interposé. Qu’il était bon d’être mené en bateau et d’accompagner dans une mise en Seine aussi inspirée que puissante les grands athlètes Serena Williams, Nadia Comaneci, Carl Lewis, Nadal et Zidane, ces femmes et ces hommes-monde réunis dans une accolade fraternelle ! En d’autres circonstances, la pluie aurait suscité un caustique « Que d’eau, que d’eau ! » mais elle a donné cette note épique. Quand l’art et le sport s’unissent à ce niveau d’excellence, ils nous rappellent la beauté du geste pur, généreux, gratuit et réveillent notre âme d’enfant, d’en France. Sans compter ce vibrant Hymne à l’amour interprété par Céline Dion, comme habitée par une force olympique, après quatre ans loin du public. Oui, les Jeux sont bien
une extraordinaire histoire d’amour et d’amitié.

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Bruno Jeudy

Lien source : Ça c’est la France