samedi, octobre 19

Claude Lelouch : « Mes copains qui avaient décidé de fuir Paris ont bien eu tort »

Au lendemain de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, celui qui est l’un des plus grands réalisateurs français nous fait partager ses émotions en tant que citoyen et homme de spectacle. Son 51e long-métrage, intitulé Finalement, sera présenté à la Mostra de Venise fin août et sortira en salles le 13 novembre.

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LA TRIBUNE DIMANCHE – Vous le cinéaste, quel regard portez-vous sur cette cérémonie d’ouverture ?

CLAUDE LELOUCH – J’ai vécu un rêve. Il n’y a jamais d’overdose de bonheur. Je suis très fier et très heureux de ce que j’ai vu, de cette mise en scène, de cette synchronicité. C’est un véritable travail d’orfèvre, une œuvre admirable, magnifique. Et puis l’émotion a toujours été plus forte que la technique. Bravo à tous ceux qui ont fabriqué ce spectacle magique et merveilleux.

Mais la pluie a-t-elle, selon vous, gâché en partie la fête ?

Tout tenait à très peu de choses. Il y avait tellement de technologie, d’effets spéciaux que la cérémonie aurait pu être gâchée par un grain de sable. Ce grain de sable, c’était la pluie, et à mon avis elle a davantage ajouté de l’émotion. C’était bouleversant de regarder les porteurs de la flamme, tous ces champions, actuels et anciens, trempés mais heureux. Comme une sorte d’exploit, de métaphore de l’olympisme. Nous étions tous sous des trombes d’eau mais personne n’a bougé tant nous étions subjugués par le spectacle. Les miracles ont eu lieu, se sont ajoutés les uns aux autres. Arriver à faire autant rêver les gens, c’est la magie de notre métier, celui de la mise en scène.

Vous étiez présent en coulisses pour une raison particulière ?

J’étais présent d’abord comme spectateur. Je ne voulais pas rater ce moment.

Mais j’ai également tourné, avec mon téléphone portable, une scène avec Raphaël Mezrahi pour mon prochain film, qui débutera avec les Jeux olympiques de Paris.

Quelle image retenez-nous ?

Celle de Céline Dion, pour mille et une raisons. Sa présence après quatre ans d’absence et de souffrance est un cadeau inoubliable pour elle et pour nous tous. On sait qu’elle sort d’un moment personnel difficile. La voir en clou de cette incroyable soirée a rendu le moment encore plus inoubliable. J’ai particulièrement été bouleversé en l’écoutant chanter l’Hymne à l’amour de Piaf en haut de la tour Eiffel, car c’est au même endroit que j’avais fait chanter Géraldine Chaplin en 1981 dans mon film Les Uns et les Autres. J’étais très heureux de voir que cette tour Eiffel ne cessera jamais de faire briller la France.

Êtes-vous surpris que les critiques négatives viennent essentiellement de l’extrême droite, qui reproche une cérémonie faisant l’éloge du wokisme et des LGBTQ+ ?

J’ai grandi avec les grincheux et, malheureusement, ils seront là pour l’éternité. Ce sont les gens les plus malheureux de la Terre parce qu’ils ne voient que ce qui les gêne.

Moi, j’ai passé ma vie à apprécier ce qui marche, ce qui fonctionne, ce qui est beau. Hier soir, à côté de moi, place du Trocadéro, je peux vous garantir qu’il n’y avait pas de grincheux ! Nous étions tous trempés, certes, mais éblouis par le spectacle. Je suis ravi d’avoir été témoin de ce moment de grâce.

Quand je pense à tous mes copains qui avaient décidé de fuir Paris, ils ont bien eu tort ! Quand on est parisien et qu’on aime Paris… Pour rien au monde je n’aurais voulu rater ça.

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