dimanche, septembre 8

Eboulement en Isère : à La Rivière, un pan de montagne s’est effondré sur la départementale Grenoble-Valence

Le glissement de terrain, très impressionnant, a eu lieu jeudi soir, vers 19h30, en bordure d’une route départementale très fréquentée, au pied du massif du Vercors. Ce sont plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes de terre, de roche et de boue qui se sont déversés au niveau de la départementale 1532, très fréquentée, qui relie Grenoble (Isère) à Valence (Drôme).

L’éboulement, qui atteint par endroit une vingtaine de mètres de hauteur, a eu lieu à proximité de la Carrière de la Rivière, au niveau du Mont Arte. Il a littéralement coupé en deux la route départemental voisine, qui accueille habituellement près de 7.000 véhicules chaque jour et aura également provoqué une coupure d’électricité à proximité de la zone sinistrée.

Pour l’heure, aucune victime n’est à déplorer et selon les services de la Préfecture de l’Isère, contactés par La Tribune, « à ce stade des recherches, rien ne permet de penser qu’il y ait de potentielle victime. Aucun disparu n’a été signalé. » Les premières recherches, qui avaient été entreprises à l’aide de chiens et des drones, ont cependant dues être interrompues dans la nuit en raison de l’instabilité du terrain, alors que quelques éboulements – minimes ceux-ci – continuent de se produire.

Les recherches n’ont pu reprendre que ce vendredi matin, peu après 11 heures. « Il faut rester prudent, sécuriser pour permettre aux recherches de reprendre », a précisé la Préfecture.

Hélicoptère éboulement La Rivière

Un hélicoptère du SDIS de l’Isère a survolé le pan de la montagne qui s’est écroulé et effectuait de premières constations depuis les airs (crédits : DR/PL)

Selon la Préfecture, une cinquantaine de pompiers sont actuellement mobilisés sur place, ainsi qu’une dizaine de gendarmes et des équipes du service RTM – Restauration des terrains en Montagne – de l’ONF (Office national des forêts).

Les riverains stupéfaits

Difficile pour l’heure de mesurer l’ampleur de dégâts, tant sur la route, que sur l’environnement proche : si aucune maison n’était située dans la zone sinistrée, les riverains demeurent encore choqués par l’ampleur de ce glissement inédit. Certains foyers sont toujours privés d’électricité, ce vendredi matin, Enedis étant encore en cours d’intervention pour rétablir le courant.

Sur une vidéo fortement relayée sur les réseaux sociaux, un habitant de la commune de la Rivière s’exclame : « la montagne est tombée ! »

Sur place, le maire de la commune de La Rivière témoignait auprès de nos confrères de France Bleu Isère : « Une mini montagne a traversé la départementale, il faut maintenant savoir s’il y a des gens encore dessous (…) La situation n’est pas encore stabilisée, des blocs continuent à descendre. »

« J’étais sur mon écurie au moment de l’éboulement, c’était très impressionnant, relate elle-même à La Tribune Tiphanie Mayoussier, gérante des Écuries des Travers, situées juste au dessus de la zone de l’éboulement. On ne s’y attendait pas, donc la première chose, c’est qu’on s’est demandé ce qu’il se passait… Ce matin, je viens de faire le tour de mes chevaux, qui ont sûrement ressenti les tremblements du sol hier, et sont perturbés par les hélicoptères ce matin ».

La femme est également propriétaire de parcelles en bordure de la route recouverte par les éboulements, touchées elles-aussi. « Elles sont sous le tas de cailloux. Ce sont des parcelles que je ne retrouverai sans doute jamais. J’y faisais mes foins, j’y étais il n’y a même pas une semaine… ça fait froid dans le dos ! », ajoute-t-elle, rétrospectivement, tout en craignant pour d’éventuelles victimes. « Vue la circulation sur cette route, ce serait vraiment un miracle qu’il n’y ait personne en-dessous ». Pour le moment, elle n’a reçu aucune consigne des autorités pour la suite.

Une cellule de crise activée et des déviations en cours

Si à ce stade, rien ne permet encore de déterminer précisément l’origine de cet éboulement, celui-ci est survenu à proximité de la carrière de la Rivière, exploitée par une société du groupe Eiffage, Budillon Rabatel, « qui dispose elle-même d’un maillage de trois carrières alluvionnaires et deux plateformes de recyclage et négoce de matériaux implantées principalement en Isère, dans l’agglomération grenobloise », comme elle le précise sur son site internet.

Contacté par La Tribune, le groupe n’avait pas donné suite à nos sollicitations au moment d’écrire ces lignes. Spécialisée dans l’exploitation d’une carrière de calcaire, son autorisation d’exploitation avait été renouvelée à l’issue d’une enquête publique conduite en mars 2018 pour une durée de 30 ans.

Sur place, tous les yeux sont encore tournés vers les recherches et les travaux de reconnaissance : alors que la Préfecture de l’Isère a déclenché une cellule de crise dès jeudi soir conduite par le préfet Louis Laurier, le Département de l’Isère, en charge de la gestion des routes, a indiqué qu’une réunion de crise devait avoir lieu ce vendredi avec les maires des communes concernées, afin d’étudier les itinéraires de déviation.

Avec comme principal enjeu, celui d’éviter les sur-accidents et la sur-fréquentation de la rive droite de l’Isère, à l’aube d’un nouveau week-end de départs en vacances estival annoncé comme « noir » dès ce samedi, sur l’ensemble de l’Hexagone par Bison Futé. La Préfecture a annoncé la prise d’arrêtés préfectoraux dans la journée, afin d’éviter d’engorger les réseaux secondaires, et surtout, les communes voisines comme Tullins.

Compte-tenu de l’ampleur du glissement de terrain et de l’épaisseur des matériaux encore présents sur la chaussée, aucun délai précis n’a cependant pu être avancé par les autorités concernant les opérations de secours, ni la remise en état de la chaussée, qui pourrait s’annoncer longue.

Le vice-président en charge des routes au Département de l’Isère, Bernard Perazio, estimait d’ores et déjà ce matin devant la presse locale que la route ne devrait pas pouvoir être rouverte « avant plusieurs semaines ». Il a appelé ce vendredi matin les automobilistes à « ne pas s’aventurer sur Tullins ou dans la traversée de Vinay : prenez l’autoroute A49 entre les deux villes ». En attendant, la route départementale 1532 demeure coupée aux embranchements de la RD45 au nord et de la RD518 au sud.

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