dimanche, septembre 8

Electricité : EDF en quête de performance pour faire face aux prix bas

Ce ne sera pas une « promenade dans le parc », a averti Luc Rémont, le PDG d’EDF, lors d’une conférence de presse ce vendredi matin à l’occasion de la publication de ses résultats semestriels. Alors que l’électricien a enregistré des bénéfices en hausse de 20% à 7 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année, l’entreprise se prépare d’ores et déjà à une baisse significative de sa rentabilité pour le reste de l’année en raison de la chute des prix de l’électricité sur les marchés.

Lire aussiEDF : tous les voyants au vert au premier semestre, avant une forte baisse de la rentabilité attendue au second semestre

Chute attendue de la rentabilité

Aujourd’hui, le prix spot en France s’établit autour de 65 euros du mégawattheure, un niveau bien en-deçà de ceux atteints en 2023 et plus encore en 2022. Sur l’ensemble de l’année 2024, l’effet de ces prix bas devrait mordre sur l’Ebitda (indicateur de rentabilité de référence) à hauteur de 8 à 11 milliards d’euros, selon les projections de l’entreprise. L’effet positif d’une production nucléaire attendue à la hausse, conduisant à une baisse des achats d’électricité dans un contexte de prix moins élevés, ne devrait compenser ce recul qu’à hauteur de 2 à 5 milliards d’euros.

« La détente des prix de marché induit des perspectives de revenus pour EDF plus faibles que si les prix étaient restés hauts », a indiqué le dirigeant du groupe détenu à 100% par l’Etat. « Dans cet environnement (…), il nous faut être encore plus efficaces à la fois sur nos opérations et sur nos investissements », a-t-il expliqué. Dans cette optique, l’entreprise compte sur un plan de bataille baptisé « Ambitions 2035 », qui s’articule autour de quatre piliers : l’accompagnement des clients dans la réduction de leur empreinte carbone, la production de plus d’électricité décarbonée, le développement des réseaux et des solutions de flexibilité.

Objectif : construire un EPR 2 en moins de six ans

Mais la plus grande source de gains en matière d’efficacité repose sur l’optimisation de la construction des six réacteurs de type EPR 2, dont le design général vient d’être validé. « Ce seul critère là suffit à répondre à 90% du besoin. Celui-ci fera l’objet de toutes les attentions du groupe pour aller chercher de la performance », a insisté Luc Rémont, qui vise un délai de construction de 70 mois (soit un peu moins de six ans), entre la pose du premier béton et la mise en service d’un réacteur de type EPR 2. « Aujourd’hui, nous en sommes loin », a-t-il reconnu, tout en qualifiant cet objectif de « réaliste ». « Nos partenaires chinois ont des délais inférieurs aujourd’hui », a-t-il rappelé. Pour augmenter la cadence industrielle, l’entreprise prévoit notamment de reprendre « la totalité des méthodes de construction. »

En parallèle de ce chantier, l’autre grande priorité pour Luc Rémont est de faire avancer le plan de financement de ces six réacteurs atomiques afin d’établir les conditions de lancement du programme au tournant de l’année. Conditions qui ne seront pas définitives puisque des échanges se poursuivront en 2025 avec la Commission européenne afin d’obtenir une approbation de ce financement, qui impliquera nécessairement un soutien de l’Etat français. L’objectif étant de prendre une décision finale d’investissement d’ici à fin 2025, début 2026. Selon nos informations, cette question n’a pas encore été abordée lors des précédents conseils de politique nucléaire (CPN) présidés par Emmanuel Macron.

Deux années supplémentaires pour définir l’implantation des 8 EPR

La définition des sites ad hoc pour accueillir 8 EPR supplémentaires, initialement présentés comme des options lors du discours de Belfort d’Emmanuel Macron, puis considérés comme actés lors de la campagne pour les législatives anticipées, semble moins prioritaire aux yeux d’EDF. « Les études de site sont assez lourdes et nécessitent bien deux années de travail » supplémentaires, a indiqué Luc Rémont. Lequel a rappelé à plusieurs reprises « ne pas faire la course aux gigawatts».

Le projet de petit réacteur nucléaire modulaire (ou SMR) Nuward paraît, lui aussi, passer au second plan. La décision de faire « pivoter » le projet vise à « limiter les risques technologiques qu’il embarquait », a expliqué Luc Rémont. L’électricien prévoit donc de se tourner vers un design simplifié « embarquant moins de ruptures technologiques » afin d’être « sur les rangs rapidement ». Néanmoins, alors qu’une première tête de série était attendue en 2035, Luc Rémont a estimé que ce pivot aurait « probablement » un impact sur ce calendrier, même s’il est « trop tôt » pour se prononcer sur « un horizon de mise en service ».

Juliette Raynal

Lien source : Electricité : EDF en quête de performance pour faire face aux prix bas