dimanche, septembre 22

La faim touche 1 personne sur 11 dans le monde

Alors que la planète compte plus de 8 milliards d’individus, 733 millions de personnes, soit environ 9% de la population mondiale, souffrent de la faim, alerte un rapport intitulé « L’état de l’insécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde ». Publié ce mercredi, il a été réalisé conjointement par cinq organismes spécialisés du système des Nations Unies : l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international pour le développement de l’agriculture (Fida), l’Unicef, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Le monde est revenu 15 ans en arrière, les niveaux de sous-alimentation étant comparables à ceux de 20082009 », est-il ajouté dans un communiqué.

En parallèle, environ 2,3 milliards de personnes sont considérées comme étant en insécurité alimentaire modérée ou forte, c’est-à-dire devant sauter un repas occasionnellement. Et plus d’un tiers de la population mondiale ne peut pas s’offrir une alimentation saine, dont 72% des habitants des pays les plus pauvres.

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L’utopie d’un monde sans faim

La situation est disparate selon les régions du globe. Ainsi, le nombre de personnes ne mangeant pas à leur faim a augmenté en Afrique, s’est stabilisé en Asie et s’est réduit en Amérique latine.

Ce nombre de 733 millions de personnes correspond par ailleurs au milieu de la fourchette calculée par les organismes onusiens, qui estiment que le nombre d’individus sous-alimentés se situe entre 713 millions et 757 millions. Une moyenne qui était restée stable ces trois dernières années mais qui, en 2023, s’avère supérieure au niveau de 2019 (152 millions de personnes de plus souffrant de la faim).

Si les tendances actuelles se confirment, quelque 582 millions de personnes seront sous-alimentées de manière chronique en 2030, parmi lesquelles la moitié vivront en Afrique, avertissent les organisations. « Cette projection est très proche des niveaux observés en 2015 lorsque les objectifs de développement durable ont été adoptés, ce qui dénote une stagnation inquiétante des progrès », ajoutent-elles. Si bien que l’objectif d’un monde sans faim en 2030, adopté par les Nations unies à cette époque, s’éloigne encore plus.

Inégalités, tensions géopolitiques, réchauffement climatique en cause

Dans son ensemble, l’insécurité alimentaire chronique s’étend depuis 2016-2017, souligne auprès de l’AFP David Laborde, économiste à la FAO et un des auteurs du rapport. La situation a fortement empiré avec le Covid, en 2020 et 2021, et la part de la population n’ayant pas un apport calorique suffisant pour mener une vie normale est depuis restée au même niveau. L’économie est certes repartie de l’avant après la pandémie mais « reste inégalitaire entre les pays et au sein des pays », avance David Laborde.

À cela s’ajoute le fait que les tensions géopolitiques persistent « avec des conflits qui ne disparaissent pas », tandis que « le changement climatique commence à nous frapper de plein fouet sur tous les continents », ajoute-t-il. Or, « même si le problème s’est accru et que les causes fondamentales se sont accentuées, on n’a pas mis en place un grand plan Marshall » pour augmenter les fonds destinés à lutter contre la faim, souligne l’économiste.

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Réformer le financement

Pour lutter efficacement contre la faim, le rapport, présenté à l’occasion d’un sommet du G20 au Brésil dédié à ce sujet, propose une grande réforme du financement pour la sécurité alimentaire et la nutrition. Cette refonte doit d’abord passer, selon le document, par une définition commune afin que tous les acteurs s’alignent sur les mêmes critères. Ainsi, en fonction des différentes estimations actuelles, il faudrait théoriquement entre 176 milliards et 3.975 milliards de dollars pour éradiquer la faim d’ici 2030. Les donateurs, agences internationales, ONG et fondations doivent aussi mieux se coordonner, préconise le rapport, déplorant que le système actuel soit « très fragmenté », « manque de consensus sur les priorités » et « se caractérise par une prolifération d’acteurs menant des petits projets de court terme ».

Réformer le système, c’est justement ce que le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a plaidé. Le dirigeant de gauche a une crédibilité dans ce domaine : ses programmes sociaux avaient permis de sortir des millions de Brésiliens de la pauvreté durant ses deux premiers mandats (2003-2010). Il a ainsi fait de l’ « Alliance globale contre la faim et la pauvreté », une priorité de la présidence brésilienne du G20. Elle doit viser à trouver des moyens financiers communs pour lutter contre la faim ou à répliquer les initiatives qui fonctionnent localement.

« Nous pouvons résoudre cette crise. Et le financement est la clé », a appuyé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans un message vidéo ce mercredi. « La faim n’a pas sa place au XXIe siècle », a-t-il encore exhorté.

Il est par ailleurs urgent d’agir. « Il n’y a pas de temps à perdre dans la mesure où le coût de l’inaction dépasse largement le coût des actions que ce rapport préconise », rappellent les agences onusiennes.

(Avec AFP)

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