lundi, septembre 16

Nucléaire : inquiétude en Finlande après l’arrêt de l’EPR d’Olkiluoto 3 à l’approche de l’hiver

Inquiétude en Finlande. Alors que l’hiver commence, le réacteur nucléaire EPR de conception française Olkiluoto 3 (OL3) mis en service commercial en avril dernier après 13 ans de retard, rencontre encore quelques soucis. Depuis dimanche, il est à l’arrêt en raison d’un nouveau problème technique. Cette fois, il s’agissait d’un défaut détecté dans l’îlot de turbines. Un problème sans trop de conséquences dans la mesure où le réacteur devrait reprendre sa production mardi, selon son exploitant, TVO.

« Les recherches ont révélé que la cause de la panne était un dysfonctionnement de la mesure de la température dans le système de refroidissement du générateur », a indiqué TVO dans un communiqué. « Après les travaux de réparation, l’installation fera l’objet d’autres inspections et tests. Selon les estimations actuelles, la centrale devrait reprendre sa production le 21 novembre à midi », a-t-il ajouté.

Construit par le groupe français Areva avec l’allemand Siemens, le réacteur nucléaire d’Olkiluoto 3, sur la côte sud-ouest finlandaise, est entré en service mi-avril, 18 ans après son lancement.

Le réacteur le plus puissant d’Europe

Avec une puissance de 1.600 mégawatts, Olkiluoto 3 est le réacteur nucléaire le plus puissant en opération en Europe et fournit 14% de l’électricité de la Finlande. Comme nombre d’autres chantiers d’EPR, il a été marqué par d’innombrables retards et d’énormes surcoûts qui ont été une des principales causes du démantèlement industriel d’Areva.

Mi-octobre, des dommages dans l’îlot de turbine du réacteur avaient été détectés. Selon l’opérateur finlandais TVO, ils n’ont pas d’incidence sur la sécurité. Pour rappel, la production régulière du réacteur devait commencer cet été, mais elle avait été reportée à décembre, après l’observation de « matières étrangères » dans le réchaud à vapeur de la turbine. Pour le pays scandinave, l’hiver s’annonce tendu sur le plan énergétique avec le chamboulement du marché provoqué par la guerre en Ukraine.

Ce nouveau problème s’ajoute à la longue liste de déconvenues rencontrées par ce réacteur construit par le consortium franco-allemand Areva-Siemens. Celui-ci avait démarré en mars 2022 avec 12 ans de retard et une longue série d’échecs et de déboires qui ont en partie expliqué la lourde restructuration d’Areva.

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Dès 2006, trois ans après l’annonce du lancement du chantier, des retards dans la construction de la principale conduite de refroidissement avaient déjà reporté la mise en route du réacteur à 2010-2011. L’agence finlandaise de sécurité nucléaire STUK avait ensuite demandé en 2009 plusieurs centaines améliorations du fait de « problèmes liés à la construction », ouvrant un conflit entre l’exploitant du futur réacteur, le finlandais TVO, et Areva-Siemens, avec également des critiques sur le gendarme finlandais. Après plusieurs années de litiges et de retards supplémentaires, Areva avait finalement réglé son différend avec TVO en novembre 2018, en payant une compensation de 450 millions d’euros.

Les déboires de l’EPR

Lancé en 1992 comme le nec plus ultra de la technologie nucléaire française, le réacteur pressurisé européen (EPR) a été conçu pour relancer l’énergie nucléaire en Europe, au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl de 1986. Le nouveau modèle est présenté comme offrant à la fois une puissance plus élevée et une meilleure sécurité, mais sa construction s’avère un casse-tête, et pas uniquement en Finlande. En France, la construction de l’EPR de Flamanville, entamée en 2007, a, elle aussi, été affectée par des retards massifs, dus notamment à des anomalies dans le couvercle en acier et la cuve du réacteur.

L’EPR a aussi été retenu pour une centrale à deux réacteurs à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l’Angleterre. La production d’électricité est actuellement planifiée pour mi-2027, au lieu de 2025 au départ. Deux réacteurs EPR ont déjà été mis en service en Chine, faisant d’Olkiluoto le troisième en opération dans le monde. Les énormes surcoûts du chantier finlandais entamé en 2005 ont été une des principales causes du démantèlement industriel d’Areva, plombé par des pertes de plusieurs milliards d’euros. Une structure subsiste, dont la tâche essentielle est de boucler le chantier d’Olkiluoto, mais l’essentiel du groupe est passé dans le giron d’EDF. Malgré ce fiasco à Olkiluoto, le soutien au nucléaire civil a progressé ces dernières années en Finlande, stimulé par les préoccupations climatiques et les tensions énergétiques mondiales.

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