dimanche, septembre 8

Pour servir la croissance, Le Maire propose le lancement « d’un produit d’épargne européen »

Le ton est donné : Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, ne se rend pas à Gand, « pour taper la causette » avec ses confrères. « Lançons dès 2024 un produit d’épargne européen dont nous définirons les caractéristiques, le rendement, avec les Etats volontaires », a asséné le locataire de Bercy, avant une réunion avec ses homologues des Vingt-Sept, en Belgique.

Il a évoqué la possibilité qu’une poignée de pays participent à cette initiative pour construire une union des marchés de capitaux en Europe.

« Ce sera peut-être 2, 3, 4, 5 Etats, peu importe. Mais comme il est impossible de démarrer tout de suite à 27, démarrons à quelques-uns », a fait valoir le ministre, sans préciser quels pourraient être les Etats volontaires.

Bénéficier d’effets d’échelle comparables au marché américain

L’Union européenne souffre de la fragmentation de ses marchés capitaux, morcelés entre les différents pays membres. Elle discute depuis des années de propositions pour bénéficier d’effets d’échelle comparables au marché américain. Mais ces débats achoppent sur des intérêts divergents au sein des Vingt-Sept.

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« Il y a chez moi beaucoup d’impatience. Je ne viens pas pour publier le 10e, 15e ou 20e communiqué sur l’Union des marchés de capitaux dans lequel il n’y a rien ou presque rien », a averti Bruno Le Maire. Des marchés de capitaux efficaces permettent aux entreprises de financer plus facilement leurs projets et aux particuliers de trouver de meilleures offres d’investissement.

« L’argent des Européens dort au lieu de travailler »

Outre le produit d’épargne européen, le ministre français a proposé aux gestionnaires d’actifs, aux banques et bourses européennes « une supervision européenne volontaire qui pourrait être exercée par l’autorité des marchés financiers européens ». Il a également mis sur la table un projet de « garantie pour la titrisation ». Objectif ? Faire en sorte que « les titres arrêtent de peser sur le bilan des banques » et qu’elles puissent ainsi, prêter plus aux particuliers et aux entreprises.

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« L’argent des Européens dort au lieu de travailler », a fustigé le ministre.

« Si nous voulons que l’argent européen travaille au lieu de dormir, il faut mettre en place l’Union des marchés de capitaux sans délai et il doit y avoir des progrès dès 2024. » Il a évalué à quelque 35.000 milliards d’euros l’épargne des Européens, dont « plus de 10.000 milliards dorment sur des comptes bancaires ».

Cet argent « doit travailler à la croissance, à l’innovation, à la recherche, pour les entreprises et pour l’emploi », a-t-il ajouté. « Nous avons une bataille décisive devant nous, c’est la croissance », a-t-il encore affirmé, évoquant le décrochage de l’UE par rapport aux Etats-Unis. « Personne ne peut accepter que la croissance européenne soit un point en dessous de la croissance américaine. »

Le Medef préoccupé par la situation de l’Europe

Bruno Le Maire n’est pas le seul à s’alarmer. Jeudi, dans les colonnes du quotidien Les Echos, le patron du Medef, Patrick Martin, s’est dit « préoccupé » par la situation de l’Europe.

« Ce qui me frappe, c’est le décrochage massif que l’on constate entre l’Europe et les Etats-Unis », en termes « d’activité, d’investissements, et même de flux de capitaux ».

A cela s’ajoute « l’hyperagressivité commerciale de la Chine » et il y a, selon le patron des patrons, « un risque majeur que l’Europe soit sortie du jeu ».

En France, le Medef partage « le sentiment avec l’exécutif que l’activité devrait accélérer au second semestre » anticipant une croissance de 0,8% à 1% cette année. Dimanche, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a abaissé la prévision gouvernementale de 1,4% à 1% et décrété 10 milliards d’euros d’économies.

(Avec AFP)

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